La renaissance de la chapelle du château de Villesavin, petit frère de Chambord
Le château de Villesavin est un chef d’œuvre Renaissance, entouré de son parc de 27 hectares. Il a été édifié entre 1526 et 1537 par Jean Le Breton, seigneur de Villandry, secrétaire des Finances de François Ier qui, chargé des travaux de Chambord, trouva commode de s’établir à proximité pour surveiller le chantier royal. Le surintendant fit travailler pour lui les mêmes artisans que ceux de Chambord et l’on retrouve de fines fenêtres Renaissance, des lucarnes ornées de personnages.
Classé aux Monuments historiques, l'édifice a été peu modifié au cours des siècles - si ce n’est que le plomb de ses toitures a été réquisitionné sous l'Empire, remplacé par des ardoises. Il comprend un grand bâtiment central et deux ailes. La cuisine est restée intacte, avec son tournebroche du 17e siècle. Même le colombier du 16e siècle a échappé aux destructions révolutionnaires.
La chapelle occupe l’un des deux pavillons carrés, à droite de la cour d’honneur. Elle a conservé des fresques murales longtemps attribuées à Nicolo del l’Abbate, élève du Primatice, peintre attitré du roi à Fontainebleau au 16e siècle et aujourd’hui à un auteur de l’école de Fontainebleau du tout début du 17e siècle. Ces peintures à la détrempe sur enduit représentent des épisodes de la Passion. Les angelots des décors des voûtes ont été peints par l’atelier de Jean Mosnier à Blois au début du 17e siècle à la demande de Jean Phélipeaux, seigneur de Villesavin.
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Le château appartient depuis 1937 à la famille de Sparre qui ne ménage pas sa peine pour le restaurer et le faire vivre, soutenue par l’association Les Amis de Villesavin, présidée par M. Christian Mollereau, cinéaste animalier bien connu.
La restauration de la chapelle a commencé en 2009 par un assainissement des murs. La réouverture des douves et la réparation d’un écoulement des eaux ont permis de remédier aux infiltrations humides.
Brice Moulinier, conservateur, restaurateur de peintures mandaté par la DRAC, a alors pu entreprendre la restauration des fresques. Il a décidé de les conserver dans l’état de restauration antérieure, selon la technique du
trattegio : un traitement par application de traits fins verticaux laisse distinguer, de près, les parties originelles des parties restituées. Après deux tranches de travaux sur les trois fresques du mur de chevet et celles de la travée du mur nord-ouest, la troisième tranche, subventionnée par le Crédit Agricole, a permis de parachever la mise en beauté de l'ensemble de la chapelle.